L’ordre du Saint-Esprit

Le Roi donne l’accolade et « fait » les chevaliers de Saint-Michel, le jour qui précède la cérémonie de l’ordre du Saint-Esprit. Composition d’Abraham Bosse qui sert de frontispice à un ouvrage de Pierre d’Hozier, Histoire de l’ordre du Saint-Esprit (1634). On y voit Louis XIII recevant un des cents chevaliers, choisi parmi les plus illustres personnages de la cour, de l’église et de la noblesse, à Fontainebleau le 14 mai 1633. Hauteur : 0.240 m. Longueur : 0.160 m, Châteaux de Versailles et de Trianon (Photo RMN ©)

L’honneur : cette « marque de considération » (Lucien Febvre), ce « préjugé de personne et de condition » (Montesquieu) fut progressivement mis en apanage. Il fut instrumenté par les souverains des premiers États modernes : au sens premier du terme, transformé en rubans, manteaux, médailles, cordons, plaques. Un instrumentum (ameublement) destiné à instruire (instruere) en l’occurrence à discipliner les Grands du royaume pour s’assurer de leur fidélité. Autre changement lié à la constitution de cette déférence d’État : la distribution des prestiges et distinctions se codifie et se délègue. Elle est désormais le fait de légistes au service d’un Prince qui fait plus que jeter les éclats du sacre. Qui les proportionne aux lignages et aux services, qui en règlemente l’usage, qui les protège contre les usurpations. Bref qui les bureaucratise en s’appuyant de plus en plus sur des savoirs et des administrations d’État. La transformation de la figure d’un roi dispensateur de grâce en celle d’un monarque dispensant des libéralités souveraines fut essentielle. Ce mouvement amorce une véritable bureaucratisation des honneurs.

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